Mes balades dans Paris
Cariou Corentin Marie, ou l'histoire d'un résistant du 19ème arrondissement de Paris.
« Né le 12 décembre 1898 à Loctudy (Finistère) ; fusillé comme otage par l’armée allemande le 7 mars 1942 à Carlepont, près de Compiègne, (Oise) ; marié, père d’une fille ; aide de forge ; puis aide ajusteur à La Société du Gaz de Paris ; syndicaliste ; membre du Comité Central du Parti Communiste (1932-1936) ; conseillé municipal de Paris (1938-1940).
[...] Ouvrier au Gaz de Paris, il entra dans cette société, où travaillaient de nombreux bretons, comme aide de forge à l’usine de La Villette, le 13 novembre 1923. Il sera titularisé en 1925 et passera plus tard aide-ajusteur.
Il adhéra à la CGTU et au Parti Communiste en 1923, sans doute sous l’influence conjuguée de son frère Jean, militant syndical, et du climat révolutionnaire qui régnait alors dans les usines du Gaz de Paris (grèves avec occupation en 1922, nouvelles grèves en 1923)
Corentin Cariou au centre. Une avenue et une station de métro portent aujourd’hui le nom de ce militant fusillé par les nazis.
Porte-drapeau communiste aux élections municipales de mai 1935, dans le quartier de La Villette (19ème arr.), il recueillit 2500 voix sur 10402 inscrits et 8754 votants, puis se désista en faveur du socialiste SFIO Georges Beaufumé qui fut élu. Il entra au Conseil Municipal de Paris comme représentant du quartier Pont-de-Flandre (19ème arr.) à l’occasion de l’élection partielle du 27 mars 1938 provoqué par la démission du communiste Jacques Grésa (élu député). Le conseil de préfecture le déchut de ce mandat le 21 janvier 1940 pour appartenance au Parti Communiste.
Le 23 mars à Bourg-Lastic, il fut incorporé dans la 2ème « Compagnie Spéciale de travailleurs » créée dans ce camp d’internement (il retrouva notamment Lucien Sampaix). Il s’évada et gagna Lyon où il profita de la pagaille de la débâcle pour se faire démobiliser légalement. Il rejoignit alors sa femme et sa fille en Bretagne, puis retourna avec elles à Paris dans le 19ème où le Parti Communiste clandestin lui confia des responsabilités.
« Un soir, dit sa fille Andrée, en se promenant dans le square de la Butte-Rouge, il s’est rendu compte qu’il était suivi. En rentrant il nous dit : “Je ne suis pas sûr, mais je pense avoir été repéré ; demain, je partirais”. La police tournait autour de trois familles du quartier : les Sampaix, les Michel et nous ».
La Police était là le lendemain, 5 octobre 1940.
Il était interné depuis le 9 février au camp de Compiègne lorsqu’à la suite de l’attentat commis le 1er mars 1942 contre une sentinelle allemande, Rue de Tanger, les autorités d’Occupation décidèrent de fusiller comme otages “vingt communistes et un juif” ; [...] L’exécution de Cariou, de Pierre Rigaud et de Réchaussière (syndicaliste de la TCRP) eut lieu le 7 mars 1942, à midi, à Carlepont, dans une forêt près de Compiègne, au même endroit où Louis Thorez avait été fusillé le 21 février (une stèle a été posée). [...] Une avenue du 19ème arrondissement et une station de métro porte le nom de Corentin Cariou, tout près de l’usine de La Villette où il avait travaillé. »
« Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier » de R. Gaudy, J. Maitron et Cl. Pennetier - Éditions Ouvrières.
* pour en savoir plus : http://www.des-gens.net/L-USINE-A-GAZ-DE-LA-VILLETTE
Une plaque commémorative située à proximité de la Cité des Sciences et de l’Industrie à la Porte de la Villette, évoque la mémoire de Corentin Cariou.
La plaque en hommage à Corentin Cariou est juste à côté du monument aux morts de "La Boucherie en Gros de Paris" (aujourd'hui le Parc de la Villette et la Cité des Sciences) correspond aux anciens abattoirs municipaux de la Villette.