Mes balades dans Paris
Dans le jardin du Ranelagh, on récite le corbeau et le renard ...
Située au coeur du jardin du Ranelagh, ce jardin triangulaire dessiné en 1860 sous la houlette du préfet Haussmann, ancien emplacement d'un ancien bal très populaire, "Le petit Ranelagh", se dresse une imposante statue de Monsieur Jean de La Fontaine.
C'est au sculpteur moderne portugais Charles Correia que nous devons cet "Hommage à Jean de La Fontaine" ensemble monumental réalisé en 1983 et inauguré en août 1984. Habitué des sculptures de figures, des bustes et des groupes monumentaux, il réalise la statue de La Fontaine en remplacement de la statue en bronze fondue au cours de la seconde guerre mondiale. Sa version, plus contemporaine que la première, est toutefois librement inspirée de l'original et occupe le même emplacement.
Elle met en scène l'homme de lettres sur un piédestal, surélevé de quelques marches et autour duquel le promeneur peut tourner. Un peu trapu, presque courbé, l'auteur se penche en avant pour observer le jeu de deux de ces personnages de fables, probablement les plus célèbres, ce renard et ce corbeau, qui, n'étant pas ici sur un arbre perché tient toutefois son fromage dans le bec en regardant d'un air stupide (ben oui), mi-étonné, le renard qui lui rusé pressent déjà la fin de l'histoire.
Une oeuvre en bronze donc, qui luit à certains endroits au gré des heures ensoleillées ... sur le museau ou sur le délice qui s'apprête à tomber.
Cet ensemble qui ne parait pas si contemporain, est empreinte d'une grande humanité. Le caractère de l'homme de lettre et l'ensemble de son oeuvre se ressentant totalement dans cette oeuvre monumentale, publique. En effet, c'est mansuétude et bienveillance qui ressortent de cet ouvrage, dans lequel on sent également une grande finesse d'esprit évidemment, ajoutée d'un peu de malice et d'un brin d'ironie.
Le vieil homme, peut-être un peu désabusé et blasé par l'âme et la condition humaine, par cette société qui l'entoure, semble avec hauteur, regarder un spectacle, dont il n'est qu'à moitié l'auteur.
Maître Corbeau, sur un arbre perché,
Tenait en son bec un fromage.
Maître Renard, par l’odeur alléché,
Lui tint à peu près ce langage :
« Et bonjour, Monsieur du Corbeau.
Que vous êtes joli ! que vous me semblez beau !
Sans mentir, si votre ramage
Se rapporte à votre plumage,
Vous êtes le Phénix des hôtes de ces bois. »
À ces mots le Corbeau ne se sent pas de joie ;
Et pour montrer sa belle voix,
Il ouvre un large bec, laisse tomber sa proie.
Le Renard s’en saisit, et dit : « Mon bon Monsieur,
Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l’écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage, sans doute. »
Le Corbeau, honteux et confus,
Jura, mais un peu tard, qu’on ne l’y prendrait plus.
Jardin du Ranelagh, avenue Ingres - Paris 16ème
Cliquez sur les photos pour les voir en grand format