Mes balades dans Paris
Le canal Saint-Martin s’offre un nettoyage de printemps
A Paris, le canal Saint-Martin va connaître une période de chômage : il va être vidé de ses 90 000 mètres cubes d’eau et rester totalement à sec pendant trois mois, pour connaître un sérieux nettoyage. Un barrage étanche a commencé à être installé en amont de l’écluse de la Villette, un second le sera ensuite sous la voûte du Temple, sous laquelle plonge le canal avant de rejoindre la Seine.
L'écluse de la Villette
Entre opérations de récurage, d’entretien et de rénovation de huit des neuf écluses du canal, le chantier, qui a démarré le 4 janvier et devrait durer jusqu’au 4 avril, fait travailler une cinquantaine d’ouvriers. Le montant de ce grand coup de frais devrait s’élever à 9,5 millions d’euros.
Enrayer le déclin de la biodiversité
S’il bénéficie de tels soins, c’est que le canal Saint-Martin, situé dans les 10e, 11e et 19e arrondissements, est l’un des éléments de la nature dans la ville, qui n’en compte pas tant que cela. Canards, moules d’eau douce, anguilles, barbeaux, cormorans, bergeronnettes des ruisseaux, pies bavardes, mésanges bleues, hérons cendrés… toute la faune qui fréquente les lieux devrait apprécier de retrouver au printemps ce tronçon de trame bleu et vert – une des mesures du Grenelle de l’environnement qui a pour objectif d’enrayer le déclin de la biodiversité.
Des carpes de 20 kilogrammes
Quant aux perches soleil, carpes de 20 kilogrammes, écrevisses rouges américaines et autres poissons habitués des lieux, ils vont devoir changer d’habitat. La Ville de Paris s’attend à en pêcher environ 4,5 tonnes, qui seront relâchées en amont et en aval, une fois fait un recensement des espèces et établi un diagnostic de leur état sanitaire.
Le canal reste de surcroît une voie importante pour la batellerie. Aujourd’hui encore, 90 % des matériaux de construction (sables et graviers), comme ceux résultant des démolitions dans la capitale, sont transportés sur l’ensemble des canaux parisiens. Enfin, ses berges souvent arborées attirent de plus en plus de promeneurs, des fêtards aussi. La mise à nu de ce nouveau haut lieu des pique-niques bobos et sorties nocturnes a de quoi aiguiser la curiosité sur ce que l’on va trouver dans son fond vaseux : la nature des déchets a-t-elle évolué avec les nouveaux usages du quartier ?
Pièces d’or et fauteuils roulants
Lors des dernières opérations de vidange, à l’automne 1993 et durant l’hiver 2001-2002, des monceaux d’ustensiles de cuisine avaient été repêchés, mais aussi des vélos, chariots de supermarché, motos et scooters, ciseaux, bouteilles vides ou pleines, seringues, pavés, parpaings, barrières de chantier et de police, panneaux de signalisation, sièges, sommiers… Entre autres découvertes insolites, on y avait retrouvé deux obus de 75 millimètres datant de la première guerre mondiale, deux coffres-forts – vides –, des pièces d’or, deux fauteuils roulants, des parcmètres, une cuvette de WC… En ce début du XXIe siècle, il n’est pas exclu d’y récolter des Vélib’, des scooters et de nouvelles cargaisons de canettes de bière.
Sur les 40 tonnes de déchets collectés lors de la dernière opération de nettoyage, une bonne partie était composée de boues et de vases. Celles-ci vont une nouvelle fois être raclées, transportées par camions puis sur des péniches avant d’être traitées. Elles seront éventuellement revalorisées, pour aménager des buttes paysagères par exemple.
... à suivre lundi
* sources : http://www.lemonde.fr/planete/article/2016/01/04/planete_4841462_3244.html